Métier : laveur des pieds

Métier : laveur des pieds

Ce gagne-pain saisonnier est surtout exercé autour des marchés. Au grand marché de Kinshasa, la paire de pieds sales ne coûte que 100 Francs congolais (0,1 dollar américain).

La pluie est devenue une aubaine pour de nombreux jeunes laveurs et laveuses des pieds à Kinshasa. Ils s’installent non loin des arrêts des bus dans les différents points de sortie du marché central de Kinshasa ou devant le jardin botanique. De nombreuses rues non asphaltées du grand marché deviennent boueuses après la moindre pluie. Dans ces conditions, les personnes qui le fréquentent en sortent dans le meilleur des cas avec des chaussures abimées. Ceux qui portent sandales et babouches en revanche ont des pieds tellement sales qu’ils n’ont d’autres choix que de recourir aux laveurs des pieds.

 

« Venez-vous faire laver le pieds ici à 100 FC (0,1 dollar américain). Il y a un frottoir, du savon, la serviette et le lait de beauté gratuits. Faites-vous laver les pieds à 100 FC », crient en lingala les laveurs pour attirer leur clientèle.

 

Ngando Likokolo, 30 ans, exerce plusieurs petits boulots selon les saisons. Mais lorsqu’il pleut, il place le lavage des pieds en tête de ses priorités. « Quand les clients viennent, je les lave les pieds comme il se doit à 100 FC et à la fin de la journée je peux me retrouver avec 20. 000 FC (21 dollars américains) ou 30. 000 FC (32 dollars américains) », affirme-t-il.

 

Le lavage des pieds n’est pas seulement une affaire d’homme. Des femmes exercent aussi cette activité. Députée est une laveuse qui arpente le mur de clôture du jardin botanique de Kinshasa. Les jours des pluies, ses recettes journalières varient entre 16 et 22 dollars américains. « Jusqu’au soir je peux réunir 15. 000 ou 20. 000 FC. Je ne lave pas seulement les pieds. Si par exemple vos chaussures se sont salies, je peux les nettoyer mais à 500 FC [0,55 dollars] », déclare-t-elle. « J’apprécie ce service parce que quand il pleut, on arrive ici le matin tout propre. Mais on ne peut pas rentrer avec des pieds ou des chaussures sales. Et puis, avec des pieds sales on peut soit salir le taxi qu’on prend soit salir d’autres passagers dans un taxi-bus », explique Bahiche, changeur de monnaie au grand marché de Kinshasa qui recoure systématiquement au service des laveurs des pieds.

 

Les laveurs des pieds s’attirent la sympathie des personnes qui se rendent au marché central de Kinshasa. Beaucoup répondent spontanément à leur offre de service. Ils préfèrent ces jeunes ainsi occupés au lieu de les voir commettre des petits larcins dont ils sont les principales victimes. « Ce n’est pas un sot métier. Si l’on pense qu’on peut gagner quelque chose pour la survie, au lieu de voler, l’on peut faire ce service, en tout cas pour moi, il n’y a aucun mal », tranche un commerçant.

Les laveurs des pieds eux ne formulent qu’un vœu : celui de voir la pluie tomber tous les jours.

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10/11/2012